Renforcer les mécanismes de paix en Afrique

Symposium de Cotonou sur le dialogue interreligieux et interculturel : Renforcer les mécanismes de paix en Afrique

Sous le haut patronage de l’UNESCO, avec l’appui des institutions internationales, le symposium delancement de l’initiative africaine, d’éducation à la paix et au  développement, par le dialogue interreligieux et interculturel, se tient à Cotonou depuis hier, et ce jusqu’au 28 mai. La cérémonie de lancement de cette initiative, qui accouchera in fine d’une « politique de la paix par le dialogue pour agir ensemble », s’est déroulée au  Palais des Congrès, avec la participation effective du chef de l’Etat.

 

Sur l’invitation du chef de l’Etat et du peuple béninois, le symposium de Cotonou sur le dialogue interreligieux et interculturel longtemps annoncé, initié par le professeur Albert Tévoèdjrè, longtemps annoncé est devenu effectif. Cette initiative, selon les organisateurs a une particularité : s’appuyer sur le dialogue interreligieux et interculturel pour tisser la paix autour de préoccupations concrètes de développement et de la lutte contre la pauvreté.

Il est connu de tous que la majorité des jeunes qui se prêtent au jeu de l’« extrémisme religieux » ou se lancent dans l’aventure de l’émigration désespérée sont souvent réduits à la misère constante sans lendemain. Il paraît donc impérieux de trouver des voies et moyens en dehors des attaques militaires pour parer au plus pressé. D’où l’initiative pensée par le professeur Albert Tévoèdjrè et validée par le chef de l’Etat en 2014.

 

Le dialogue, condition sine qua non pour la paix

 

Dans son allocution de bienvenue, le professeur a remercié tous ceux qui ont contribué à la tenue de ce symposium, qui selon lui, vise le brassage interreligieux et interculturel, pour une paix dans le monde. Pour Albert Tévoèdjrè, cette rencontre intervient un an après l’invitation   A sa suite, Rosine Sori Coulibaly, représentant du PNUD, a présenté le message spécial du secrétaire des Nations Unies. Pour le secrétaire, le monde est aux prises avec des problèmes fondamentaux qui portent atteinte à la dignité des personnes et la seule voie pour régler ces problèmes est le dialogue franc entre les religions. L’initiative de Cotonou vient à point nommé. A cet effet, il lance un appel à tous, pour la promotion de la paix par le dialogue interreligieux. Il n’a pas manqué de préciser le soutien des Nations Unies pour toute initiative de cette forme.

Quant au représentant de sa Sainteté le Pape François, qui a lu le message du Saint père, le dialogue est indispensable et  représente une condition sine qua non pour la paix dans le monde.

 

Présent à l’ouverture en dépit de con calendrier chargé, le chef de l’Etat a félicité l’ancien médiateur pour son initiative, qui selon lui, marquera les générations futures. A en croire le chef de l’Etat, au-delà des mesures militaires, le Bénin pense à une approche sur le dialogue interreligieux. « Seul un dialogue franc entre les religions et cultures peut contribuer à la paix », a souligné Boni Yayi. « Il nous faut désormais intégrer dans les programmes scolaires le dialogue interreligieux et le sentiment d’appartenir à l’autre. Le Symposium accorde une place importante à la gent féminine dans le dialogue interreligieux et c’est à féliciter », a-t-il ajouté.

 

 Cérémonie d’ouverture du Symposium sur le dialogue interreligieux

Des voix pour la paix entre religions et cultures

Les personnalités du monde, des différents religions ayant répondu présents à l’appel du Symposium international sur l’initiative africaine d’éducation à la paix et au développement par le dialogue interreligieux et interculturel apprécient l’événement. Selon eux, le dialogue interreligieux et interculturel constitue une voie privilégiée pour parvenir à la paix. Lisez les impressions de quelques personnalités de haut niveau.

 

Rabbin de Jérusalem (Israël), représentant d’Israël

« Le souhait est de sortir d’ici avec des actes réalisables et faisables »

« C’est vraiment impressionnant. C’est la première fois que je viens en Afrique et au Bénin. Et avoir l’occasion de participer à cette réunion qui rassemble des représentants de haut niveau, venant  de toutes les religions et des pays du monde entier est une chose intéressante. C’est nécessaire, surtout en ce temps de crise, afin que les dirigeants politiques sachent dialoguer, pour  savoir comment faire avancer les choses plutôt que des violences et des conflits. Mes attentes c’est que nous sortions de ce symposium avec des décisions claires. Je crois que le fait d’organiser ce symposium est déjà un acte, le fait de faire rencontrer des personnalités de religions différentes et de savoir que tout ce dont nous allons discuter c’est, comment coexister, comment travailler ensemble pour préserver la paix. Je pense que de cette façon, nous soutenons une compréhension très différente de la religion et de Dieu qui est que la religion ne peut pas s’exprimer dans ce monde par la violence et par la force. Je pense que le symposium par rapport à  cet aspect est déjà une bonne chose. Maintenant le souhait est de sortir d’ici avec des actes réalisables et faisables que nous pouvons appliquer à un public plus large.

El Hadj Boukari Malik Moutawakin, Iman de la Mosquée Medine de Calavi

« Ainsi, si nous voulons atteindre des résultats à l’issue de ce symposium, Il faut que nous travaillions dans la franchise l’honnêteté et la sincérité.».

Parlez de dialogue interreligieux, c’est une bonne chose mais avant qu’on n’en parle, il faut que dans chaque religion, nous faisons le toilettage. Il faut que chaque religion règle ses problèmes de façon interne. Secundo, chaque religion doit accepter l’autre. Je suis musulman, j’accepte que Jésus est le  prophète et que sa mère est vénérée. J’accepte la Bible en son ancien testament mais quand de l’autre côté, les gens n’acceptent pas le prophète, ni le coran, il y a problème. Quand on parle d’extrémisme dans le monde, chaque religion a ses extrémistes. Quand on parle de terrorisme, le terrorisme est international. Lorsqu’on prend le terrorisme, les politiciens ne sont pas en marge de ce phénomène, sinon où est-ce que les terroristes trouvent les armes ?  Ce sont des musulmans qui les fournissent ? Je pense que non.  Donc si on veut parvenir à un vrai dialogue, on doit d’abord commencer à cesser d’accuser une religion. L’Islam est une religion de paix. Ce sont nos comportements qui engendrent la violence. Pensez-vous que le monde sera détruit par la bombe atomique. Non ! Si cela arrivait le monde finira par se détruire à cause de nos comportements. Ce que nous ne souhaitons pas. Mais malheureusement on ne s’aime pas et on s’accuse. Par ailleurs, nous avons la pauvreté qui constitue une cause importante. En réalité, un pauvre qui n’a rien est facilement manipulable et on l’enrôle dans les troupes pour faire la guerre. Il nous faut la justice, l’équité la transparence pour gagner la paix.  Ainsi, si nous voulons atteindre des résultats à l’issue de ce symposium, Il faut que nous travaillions dans la franchise l’honnêteté et la sincérité. Si on veut parler de comment accéder à la paix et qu’une religion veut montrer qu’elle est la meilleure, là ce n’est plus la peine. Moïse, Jésus, Mahomet ont prêché leur religion sans combattre quelqu’un. Si nous analysons bien, les chrétiens et les musulmans sont très proches et pourtant ils s’entredéchirent dans certaines parties du monde. Je prie Dieu que ce que nous voulons faire se fasse dans la vérité, l’honnêteté et la  sincérité et que nous réfléchissons à ramener les jeunes sur le bon chemin. Prêtres, Iman, pasteurs ensemble on va essayer de montrer que la religion, c’est adoré Dieu, c’est faire promouvoir le développement, l’économie et la paix.

Son éminence, John cardinal Onaiyekan, Con

« Même avant de quitter ici, nous pouvons nous mettre ensemble pour savoir qu’est-ce que nous allons faire une fois de retour au Nigéria»

Particulièrement, je suis très impressionné d’abord par les prières des différentes religions qui ont marqué l’ouverture de la cérémonie et aussi par la participation à part entière de la religion traditionnelle, la considération accordée à cette religion. La question des religions endogènes a souvent créé des polémiques parce que beaucoup d’Africains ont déjà embrassé la foi chrétienne mais je suis ceux de qui pensent qu’il ne faut jamais abandonner la religion de ses ancêtres. Par exemple, je suis Yoruba, je crois encore à Olorun, le même  Dieu que ce qu’on vénère dans la religion chrétienne. Lorsque vous écoutez la prière des religions endogènes, vous vous rendez compte que même si on parle des langages différents, nous disons tous la même chose. Si nous pouvons reconnaître cela, nous allons mettre fin à ces conflits qui nous empêchent de travailler ensemble. Le dialogue veut dire, tu parles, je t’écoute, je parle, tu m’écoutes. Ce n’est pas seulement une personne qui parle. Cela veut qu’il faut être même prêt à faire des concessions et comme cela que nous parviendrons à un but commun. Le fait que le Bénin, qui est relativement un petit pays, a pris cette initiative,  pour convoquer tous les pays, pour une initiative en faveur de la paix,  par une voix qui est celle du dialogue interreligieux et interculturel, est une bonne chose. Je crois même que le Nigéria aurait pu accueillir cette rencontre (Sourire).  A l’issue de cette rencontre, nous devons apporter avec nous au Nigéria cette grande leçon. C’est vrai qu’au Nigéria, nous avons essayé de  faire des choses mais nous devons faire plus. Il y a ici des responsables de la religion Islamique et chrétienne venus participer au symposium. Même avant de quitter ici, nous pouvons nous mettre ensemble pour savoir qu’est-ce que nous allons faire une fois de retour au Nigéria. Encore que nous sommes dans la période de l’arrivée au pouvoir d’un nouveau président, je crois que c’est le temps favorable pour des initiatives prometteuses comme celle-ci en faveur de la paix au Nigéria.

Roberto Zuccolini, représentant la communauté Sant’Ehidio

« … nous pouvons venir à bout du terrorisme »

La religion, c’est la paix, ce n’est pas la violence. Je suis content d’être en Afrique parce qu’il faut partir de la périphérie pour conquérir le centre. Souvent on parle du centre du monde quand on parle de l’occident, le véritable centre, c’est l’Afrique. En Afrique il y a beaucoup d’exemples de concurrence entre les religions mais surtout beaucoup d’exemples de vivre ensemble qui peuvent faire barrage à l’extrémisme. En ce qui concerne la place accordée à la femme au sein de ce symposium, je pense que c’est une bonne chose parce que les femmes peuvent beaucoup contribuer à la construction de la paix, les hommes aussi. Mais les femmes en particulier constituent le pilier de la famille en Afrique et elles peuvent beaucoup apporter en matière de paix. Mes attentes, c’est de construire des liens solides entre les différentes religions parce que je pense que les religions n’ont pas les armes pour combattre mais peuvent faire la bataille avec la parole, la sensibilisation. Je crois que si nous continuons de faire ce genre de rencontre en Afrique, nous pouvons venir à bout du terrorisme et de l’extrémisme.

B.K. (communication symposium CPPS)

source:nouvelle-expression