Guinée – Dialogue politique : Une sortie de crise peu prometteuse
Ce lundi marque le neuvième jour du dialogue inter-guinéen au palais du peuple. Sur les différents points inscrits autour de la table de négociation, il y a: la tenue des élections locales avant la présidentielle, la question autour de l’illégalité des chefs de délégation, le fichier électoral ainsi que la restructuration de la Commission Electorale Nationale Indépendante.
Au départ, la mouvance présidentielle et l’opposition républicaine semblaient avoir trouvé un consensus sur, notamment, l’annulation du chronogramme des élections communales.
Cependant, cette éventuelle sortie de crise pour les guinéens n’a été qu’éphémère puisque ce week-end, l’opposition a suspendue sa participation au dialogue. Pour elle, ‘’c’est une opération de dupe et non un dialogue’’
« Nous avons épuisé quatre points qui étaient inscrits, mais sans aucun consensus et la mouvance continue de faire du blocage. Donc nous reviendrons autour de la table quand nous aurons perçu des signaux forts », dit Aboubacar Sylla, le porte-parole de l’opposition.
Du côté de la mouvance présidentielle, Amadou Damaro Camara, porte-parole du RPG arc-en-ciel dit ne pas comprendre l’attitude de ses ‘’frères’’ de l’opposition. « Nous sommes à moins de 100 jours des élections présidentielles, ils (les opposants) demandent à ce qu'on fasse des élections le 30 août et aujourd'hui, ils demandent à ce qu'on reforme la CENI, à ce qu'on change les commissaires. Finalement, on ne sait pas ce que nos frères de l'opposition veulent. La mouvance est prête à discuter de toutes les propositions, que ça vienne de l'opposition ou de nos partenaires au développement. Toute proposition qui va concourir à rendre les élections transparentes et crédible».
Plus qu’on ne le croyait, les choses semblent être très tendues entre les deux camps. Lors de son assemblée hebdomadaire ténue ce week-end, le chef de file de l’opposition, Cellou Dallein Diallo a annoncé une éventuelle reprise des manifestations de rue après le Ramadan si toute fois le dialogue échouait. « Au sein de l’opposition, nous avons décidé de suspendre notre participation au dialogue parce que pour obtenir des résultats dans un dialogue, l’ensemble des revendications de l’opposition, sont fondées sur la constitution et les accords politiques. Nous n’avons jamais demandé une dérogation à la loi. Le mandat des élus locaux a expiré depuis décembre 2010. La Côte d’Ivoire a organisé ses législatives et ses communales, le Niger et le Sénégal également. Nous, pour organiser les législatives, il a fallu trois ans de bagarre avec 57 morts. Dès que vous parlez d’élections à Alpha Condé, il a peur parce qu’il n’a jamais été élu, il le sait. Il faut qu’il contrôle le fichier électoral, la CENI. Il faut que les élus locaux, la justice, la cour constitutionnelle et la CENI soient à sa dévotion. Sinon, il sait qu’aujourd’hui, il ne peut pas retrouver ses 18% du premier tour de 2010 en cas d’élections transparentes. »
Aucune partie ne semble vouloir céder. Et aux yeux de plusieurs observateurs, la Guinée est pour le moment loin de la fin de l’impasse politique.
Mariam SY