Annah Chota, officier de police de l’ONU servant au sein de la force de sécurité intérimaire des Nations Unies à Abyei (UNISFA). Photo: UNPOL
Proposée par l'Italie, la résolution a été adoptée à l'unanimité au premier jour de la 'Semaine de la police de l'ONU' – un événement annuel durant lequel Etats membres et haut-responsables onusiens passent en revue et échangent sur les différentes expériences de terrain des chefs de police des Nations Unies.
Tout en soulignant la primauté des solutions politiques aux conflits, le Conseil a décidé d'inclure, au cas par cas, la police comme partie intégrante des mandats et des structures décisionnelles des opérations de maintien de la paix et des missions politiques spéciales des Nations Unies.
Ce faisant, le Conseil a tenu compte de la nécessité d'une intégration cohérente de l'expertise policière dans la planification de ces missions et de donner des mandats clairs, crédibles, réalisables et dotés des ressources appropriées pour les activités liées aux services de police.
Tout en reconnaissant le rôle des Nations Unies dans les efforts de prévention des conflits, le Conseil a demandé au Secrétaire général de s'assurer que la planification des missions de maintien de la paix et des missions politiques spéciales avec mandat de la police repose sur une analyse approfondie du contexte, des capacités et des besoins des pays-hôtes.
Le mois dernier, le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, avait été clair : les opérations de maintien de la paix doivent être plus efficaces et efficientes. L'objectif souligné par le chef de l'ONU est une approche plus cohérente de la paix et de la sécurité, du développement et des droits humains.
« Cela signifie que la Police des Nations Unies joue un rôle vital pour faire le lien entre prévention et maintien de la paix et consolidation de la paix et développement », a relevé devant le Conseil de sécurité, le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, Jean-Pierre Lacroix.
En outre, le Conseil a reconnu dans sa résolution le rôle important que peuvent jouer les éléments de police des Nations Unies dans la protection des civils, notamment pour prévenir et combattre les violences sexuelles et sexistes liées aux conflits et les violations et abus contre les enfants dans les situations de conflits. Un peu plus tôt, M. Lacroix avait souligné que davantage de femmes doivent être recrutées dans les rangs de la police des Nations Unies.
La Police des Nations Unies est désormais régie par le Cadre d'orientation stratégique - une nouvelle doctrine développée en étroite coopération avec les États membres et qui permet de privilégier des approches globales des opérations de police, de renforcement des capacités et de développement.
« La Police des Nations Unies se concentre désormais non seulement sur le transfert de compétences de base, mais aussi sur le renforcement des institutions de la police du pays hôte », a précisé M. Lacroix. Un travail qui se traduit, a-t-il ajouté, par l'amélioration de l'encadrement des ressources humaines et du recrutement, de l'approvisionnement, des mécanismes de surveillance interne et de sensibilisation des communautés.
En outre, la Police des Nations Unies joue un rôle de plus en plus important dans la protection des civils, au travers d'une approche orientée sur les besoins des communautés et fondée sur la collecte de renseignements. Interaction avec les populations locales, culture de la confiance, prise en compte des signes d'alerte précoce : autant d'éléments qui aident les missions de l'ONU à mieux répondre aux dangers imminents, a expliqué le Secrétaire général adjoint
Les composantes de police de l'ONU sont de plus en plus souvent sollicitées pour prêter main forte à leurs homologues du pays hôte dans la lutte contre la criminalité organisée, notamment en s'appuyant sur les technologies modernes. A ce titre, M. Lacroix a souligné que les services de police de l'ONU doivent pouvoir disposer d'équipements de qualité pour mieux répondre aux menaces qui se posent une fois sur le terrain.
Un avis partagé par plusieurs chefs de police servant au sein d'opérations de maintien de la paix de l'ONU en Haïti, au Mali et au Soudan du Sud qui ont présenté au Conseil de sécurité la pertinence de leur travail mais aussi les défis qu'ils doivent relever sur le terrain.
Chef de la police de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH) puis de la Mission des Nations Unies pour l'appui à la justice en Haïti (MINUJUSTH), le général de brigade Georges-Pierre Monchotte a mis en exergue les bonnes pratiques de la composante police des deux missions consécutives dans le renforcement des capacités de la Police nationale d'Haïti (PNH) à travers un 'Programme accompagnement-conseil (PAC)' fondé sur le mentorat à l'attention des cadres de la PNH.
Bien que flexible et réactive, la Police des Nations Unies ne peut être efficace que si elle dispose des moyens nécessaires pour mener à bien son travail, estime M. Monchotte qui a dû assurer une gestion harmonieuse de la réduction des effectifs de l'ordre de 69% lors de la transition de la MINUSTAH (951 policiers internationaux) à la MINUJUSTH (295 policiers). « Cela a été possible grâce à une planification précise des départs », a-t-il dit.
Pour M. Monchotte, le renforcement durable des capacités de la PNH ne pourra être possible que si la composante police de la MINUJUSTH reçoit le soutien nécessaire à son action, d'une part, matériel, surtout s'agissant des véhicules, de l'infrastructure et d'une composante hélicoptère propre et, d'autre part, humain, avec l'affectation de la dotation autorisée de 295 personnels qualifiés », a-t-il affirmé. « Pour l'instant, nous en sommes loin », a-t-il dit.