La Croix-Laurent Larcher, le 30/08/2018 à 14h10
Censés être des alliés de la Minusma et de Barkhane, plusieurs groupes armés maliens sont accusés par ce groupe d’expert d’avoir participé à plusieurs attaques contre les Casques bleus, en particulier celles du 24 octobre 2017 et du 27 janvier 2018 dans la région de Tombouctou, tuant 19 soldats onusiens. Parmi les responsables incriminés, Alkassoum Ag Abdoulaye, le chef d’état-major de la Coalition du peuple pour l’Azawad (CPA).
Autre nom cité, Salah Ag Ahmed, le maire de Talataye, dans la région de Gao, cadre du Conseil pour l’unité de l’Azawad et agent d’Ansar Dine et de l’État islamique dans le Grand Sahara.
Les groupes armés du nord, considérés comme des alliés, sont aussi incriminés dans les trafics qui dominent la région. Parmi ces groupes, le GATIA, l’un des deux groupes avec le MSA allié aux Français de Barkhane dans la lutte anti-terroristes dans le nord du pays.
Selon ce rapport, le GATIA sécuriserait des convois de cannabis. Ce groupe a déjà été accusé par le bureau des droits de l’Homme de l’ONU et par les grandes ONG de défense des droits de l’homme d’avoir commis des exactions au Mali. En avril, le directeur de la division des droits de l’homme de la Minusma, Guillaume Ngefa, avait déploré « l’exécution sommaire d’au moins 95 personnes » dans la région de Menaka dans des opérations antiterroristes menées par la coalition MSA-GATIA.
Trois ans après sa signature, on comprend pourquoi la mise en œuvre de l’accord de paix, signé en 2015 entre le gouvernement et les anciens rebelles touaregs du Nord-Mali, n’est toujours pas effective. L’une des raisons connue de tous les observateurs mais peu formulée publiquement, est le double jeu des signataires.
Le rapport des experts de l’ONU apporte une nouvelle preuve de la mauvaise foi de ces acteurs. Et éclaire d’une lumière crue, les raisons pour lesquelles le cantonnement des groupes armés, et le processus de désarmement démobilisation, réinsertion (DDR) de ces groupes ne sont toujours pas d’actualité.