Nigéria : hausse inquiétante des attaques-suicides impliquant des adolescents dont des jeunes filles, selon l'UNICEF

Dada, âgée de 15 ans, et sa fille, Hussaina, âgée de 2 ans, chez elles, dans un refuge communautaire d’accueil à Maiduguri, dans l’Etat de Borno, au Nigéria, le 1er mars 2017. Dada avait 12 ans lorsque Boko Haram l’a capturée avec sa sœur aînée. Photo: UN

Le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) s'est déclaré mardi vivement préoccupé par l'augmentation du nombre d'enfants impliqués dans des attaques-suicides dans le nord-est du Nigéria.

L'agence onusienne note que les enfants ont été utilisés à plusieurs reprises de cette façon ces dernières années. Et le nombre d'attaques-suicides impliquant des enfants est déjà quatre fois plus élevé que pour l'ensemble de l'année dernière.

En effet, depuis le 1er janvier 2017, 83 attaques-suicides impliquant des enfants ont été signalées. Parmi ces kamikazes, 55 étaient des filles et le plus souvent âgées de moins de 15 ans alors que 27 jeunes garçons sont les auteurs d'autres attentats à la bombe. L'UNICEF rappelle même que l'une des attaques-suicides a impliqué un bébé attaché à une fille.

Dans ces conditions, l'agence onusienne qualifie « d'atrocité » une telle utilisation des enfants. Pourtant, « ils ne sont pas les auteurs de ces attentats mais les principales victimes », avertit l'UNICEF. Une façon de rappeler que ce ne sont pas ces enfants qui sont à l'origine de ces attaques mais ces derniers sont utilisés de la pire manière par des adultes.

Le groupe armé djihadiste plus connu sous le nom de Boko Haram a parfois, mais pas toujours, revendiqué la responsabilité de ces attaques qui visent la population civile.

Dans tous les cas, l'UNICEF a dénoncé cette utilisation calculée et cruelle d'enfants lors de ces attentats à la bombe qui a fini par créer une atmosphère de peur et de suspicion ayant des conséquences désastreuses pour les enfants qui ont survécu à la captivité et aux violences sexuelles aux mains de Boko Haram.

« En conséquence, de nombreux enfants qui ont réussi à s'éloigner de la captivité font face au rejet lorsqu'ils essaient de se réintégrer dans leurs communautés, aggravant leurs souffrances », note l'UNICEF.

Ces atrocités ont aggravé une situation humanitaire déjà très préoccupante. Environ 1,7 million enfants ont été déplacés par le conflit au nord-est du pays, dont 85% dans l'État de Borno où ont eu lieu la plupart de ces attaques-suicides. Cette partie du Nigeria est l'une des régions parmi les quatre pays (en plus de la Somalie, du Soudan du Sud et du Yémen) menacés de sombrer dans la famine. En attendant, jusqu'à 450.000 enfants sont menacés de malnutrition aiguë sévère dans le nord-est du Nigéria.

L'UNICEF et ses partenaires travaillent avec les autorités nationales pour réduire la vulnérabilité des enfants, en identifiant ceux qui sont sans parents ou famille et en leur prodiguant les soins appropriés. Les enfants bénéficient également d'un soutien psychosocial afin de surmonter la grande souffrance qu'ils subissent, mais aussi d'un soutien socio-économique de réinsertion pour ces enfants et leurs familles.

L'ONU soutient également des activités de réconciliation dans le nord-est du Nigéria, dirigées par des leaders communautaires et religieux respectés, y compris des femmes influentes, pour promouvoir la tolérance, l'acceptation et la réintégration.

Rédacteur : Centre d'actualités de l'ONU
Crédit photos : http://www.un.org/apps/newsFr/storyF.asp?NewsID=40029#.WZ1rij50_IU