En séjour à Ouagadougou à la veille des folles journées ayant emporté le président déchu Blaise Compaoré, aujourd'hui en exil en Côte d'Ivoire, l'ancien médiateur de la république, Dr Sékou Koureissy Condé, à la tête de l'ONG African Crisis Group, a rompu le silence pour décrypter le climat de confusion qui règne actuellement au Burkina pour la conduite de la transition.
Interrogé par nos confrères d'Espace FM, Dr Condé, qui venait à peine de quitter la place de la Nation, symbole des rassemblements rebaptisé Place de la Révolution, a fait savoir que le Burkina se dirige vers une meilleure compréhension dans les négociations entre les militaires et les politiques.
"Il y a un début d'entente, le Burkina a une sociologie différente. La cohabitation existe partout, voler la victoire du peuple burkinabé m'étonnerait très fort. Cela va durer ce que ça va durer, mais la communauté internationale doit lire le message du peuple. C'est au sein de la classe politique qu'il y a tergiversation et des discussions", a laissé entendre Dr Condé, qui a regretté que le désormais ancien médiateur soit parti sans la médiation.
Interrogé sur les intentions des militaires qui sont accusés de vouloir voler la victoire du peuple, Dr Sékou Koureissy Condé dit ne pas partager cet avis. Tout en reconnaissant des possibilités de récupération des manifestations, il dit qu'il est hors de question d'ouvrir une transition militaire au Burkina Faso.
Revenant sur la genèse de la crise burkinabé, Dr Condé parle de rupture de confiance. "C'est le déficit de communication entre l'exécutif et la base, les gouvernants ne sont pas au courant de ce qui se passe, pourtant ton adversaire politique n'est pas ton ennemi. Or, sociologiquement, la force réelle au Burkina Faso, c'est incontestablement le peuple. Les populations, les religieux ont demandé à Blaise de retirer le projet, les femmes aussi, la presse également, mais Blaise a payé pour son obstination, et non par entêtement".
Dans la foulée, le médiateur guinéen a fait savoir que le président déchu, Blaise Compaoré, était devenu inaccessible. "C'est son entourage qui faisait beaucoup de bruit et d'agitation, c'est une leçon de démocratie à toute l'Afrique".
Interrogé sur l'avenir de Dadis Camara, Dr Condé a rassuré que le peuple burkinabé n'est pas un peuple revanchard mais plutôt un peuple hospitalier et structuré. "Cela m'étonnerait qu'on refuse de continuer à accueillir Dadis. Pour le peuple burkinabé, le problème n'est pas Dadis, mais plutôt le président Ouattara, qui doit faire en sorte que le travail de Blaise ne soit pas de saper le travail de stabilisation et de réconciliation au Burkina Faso".