Plus rien de va encore entre les communes rurales de Korsimoro et de Boussouma dans le Sanmatenga. Tout est parti de l’érection du district sanitaire de Boussouma. Le Dima de Boussouma , en voulant recoller les morceaux de la cohésion sociale a initié une rencontre avec ses ministres, le samedi 30 mai 2015. Laquelle réunion est finie en queue de poisson. Le mardi 2 juin 2015, jour de marché de Korsimoro, des ressortissants de Boussouma ont été passés à tabac. Le jeudi 4 juin 2015, les populations de Korsimoro ont organisé une manifestation au cours de laquelle elles ont fixé une pancarte indiquant que Boussouma est en réalité Korsimoro. Retour sur une crise qui est loin d’être finie.
Le jeudi 2 juin 2015, sur la route nationale n°3, à l’entrée de Korsimoro, les populations étaient sorties nombreuses. Les dernières sonorités du moment provenaient d’un appareil de musique. Les hommes et les femmes dansaient en tapant des mains. ça sentait la fête. La raison de cette manifestation festive, nous l’avons sue avec Antoine Ouédraogo, leader du groupe. Ils sont sortis implanter une plaque indiquant qu’en réalité, Korsimoro est en réalité Boussouma. Voici la genèse de la crise telle que relatée par Antoine Ouédraogo : « La crise entre les deux communes a commencé avec le rattachement de Korsimoro au district sanitaire de Boussouma. Les populations ont voulu comprendre parce qu’elles n’en ont jamais été informées. Les chefs coutumiers n’étaient pas non plus informés. C’est suite à cela que le Dima a appelé les chefs de Korsimoro pour dire qu’ils ont mobilisé les jeunes pour protester. » Pour Abdoulaye Sawadogo, les populations de Korsimoro n’ont jamais voulu la division. « Nous avons été les premiers à avoir une paroisse. Les populations de Boussouma ont refusé de venir prier. Ils préféraient aller à Pissila. Korsimoro a été le premier à avoir une circonscription d’éducation de base. Ceux de Boussouma préféraient encore aller à Mané. Cette fois-ci, c’est nous qui refusons d’aller nous soigner à Boussouma. Nous préférons aller soit à Kaya (Ndlr : localité située à 30 km de Korsimoro) soit à Ziniaré (Ndlr : localité située à 35 km de Korsimoro) », a-t-il dit. Pourtant 10 km séparent Korsimoro de Boussouma. Par rapport à la plaque qui a été fixée, Abdoulaye Sawadogo a laissé entendre qu’elle existait il y a 56 ans. Selon lui, c’est Naaba Wobgo qui l’a enlevée pour la fixer où se trouve l’actuel Boussouma. Sinon, a-t-il laissé entendre, l’actuel Boussouma s’appelle Ouahigouya. Le Goudrin Naaba(Ndlr : il est en quelque sorte le chef de Korsimoro), un des acteurs clé de la crise a accepté donner sa version des faits. « Nous avons eu une rencontre avec le Dima de Boussouma, le samedi 30 mai 2015. Lors de cette rencontre, le Dima a dit que nous avons mobilisé des jeunes pour lui barrer la route et pour s’opposer au district sanitaire. J’ai dit au Dima qu’il n’avait pas dit la vérité parce que les jeunes sont contre l’administration et non contre lui. J’ai même dit qu’il fallait qu’il fasse la part des choses. Je reconnais avoir tenu des propos discourtois à son endroit. J’ai demandé pardon. Le Dima me l’a accordé. Quand nous sommes sortis après la réunion, les gardesdu corps du Dima m’ont encerclé avec des gourdins. Le Ouidi naaba est intervenu. Les gardes du corps du Dima ont dit que je devais demander pardon. J’ai entendu après beaucoup de bruit autour de cette affaire. Personne n’a serré mes cols. Je n’ai pas été brutalisé non plus comme certains le soutiennent »,a-t-il soutenu. C’est suite à cet incident que les populations de Korsimoro ont réprimé ceux de Boussouma le mardi 3 juin 2015, jour de marché.
Malgré le calme apparent qui règne à Boussouma, la peur hante toujours les populations. Elles n’ont plus le droit, depuis le début de la crise, de se rendre à Korsimoro. Mahamadi Ouédraogo, mécanicien, et garde du corps du Dima a accepté de se confier à nous. « Le Goudrin Naaba a mal parlé au Dima de Boussouma lors de la réunion. Sinon, il a été reproché aux ministres de Korsimoro d’avoir incité les jeunes à barrer la route au Dima de Boussouma. Lors de la réunion, le Dima a dit que Boussouma, Korsimogo et Kaya étaient la même entité. Il a ajouté que ce qui importait, était le développement des localités. Pour ceux qui connaissent l’histoire, ils sauront que Boussouma a milité pour que Korsimoro soit un département et qu’il ait une école. Pourquoi, maintenant que Boussouma va abriter le district sanitaire, les gens se plaignent ? Le district sanitaire n’a jamais été demandé par Boussouma. C’est de par la volonté du gouvernement. Quand la parole a été donnée aux différents ministres du Dima, le Goudrin Naaba a dit que sa majesté n’a jamais dit la vérité. Les gardes du corps encore appelés Dapoyè Bii sont rentrés dans la salle pour dire que le Goudrin Naaba s’était mal exprimé. Mais si le Dima ne savait pas ce qui est bien, allait-il l’introniser chef ? Quand le Goudrin Naaba est rentré à Korsimoro, nous avons appris qu’il a été frappé. Cela n’a jamais été le cas. Le mardi 2 juin 2015, jour du marché de Korsimoro, les jeunes ont été mobilisés pour nous bastonner parce que nous avons humilié le Goudrin Naaba à Boussouma. Au marché des bétails, les plus grands montraient ceux de Boussouma. Nous avons été pourchassés et bastonnés comme des malpropres. Plus de 60 jeunes m’ont encerclé », a-t-il dit. Kassoum Ouédraogo a, lui aussi, subi la furie de la foule. Il a perdu ses téléphones portables et son chapeau. Le Koos Naaba de Boussouma, a lui, eu la vie sauve grâce à un habitant de Korsimoro qui l’a abrité chez lui. Ousmane Ouédraogo dit Kanazoé est remonté contre les ragots colportés à son sujet. « Je n’étais pas à la réunion. Mais j’ai appris que le Ouidi Naaba a prononcé mon nom pour implorer pardon », a-t-il dit. Naturellement, Ousmane Ouédraogo a été l’objet d’intimidation au marché de Korsimoro.
C’est avec Abdoul Moumini Gango, président du comité de gestion du centre médical de Boussouma qui va nous fournir les informations relatives au district sanitaire. « C’est en 2011 que nous avons eu l’information. C’était avant que je ne sois membre du comité de gestion. Nous avions appris en son temps que Boussouma est devenu un district sanitaire. C’est une décision gouvernementale. Le centre médical a été ouvert, le 20 septembre 2014. Ce n’est que le 13 avril 2015 que le médecin chef a été nommé. Le Haut-commissaire du Sanmatenga l’a installé, le 12 mai 2015. C’est ce qui a provoqué tout le problème que l’on connaît aujourd’hui », a-t-il relaté avant de préciser que l’érection du district sanitaire peut se justifier. Selon lui, la commune de Boussouma compte 10 CSPS alors que Korsimoro en compte 7. La commune de Ziga compte 4 CSPS. C’est l’ensemble de ces CSPS qui forment le district sanitaire de Boussouma.
Source: Le quotidien